Chapitre XXXII - Case départ

Zoé, Sigur et Félixérie nagent jusqu’au milieu du lac d’Issarlès. Soudain, un irrésistible courant les aspire vers les profondeurs.

Zoé fait surface presque aussitôt, à l’endroit même où elle avait plongé avec tant d’imprudence. Avec son élégance de jeune sportive, et armée d’une force qui n’est pas la sienne, elle bondit sur son rocher et continue sa séance de bronzage. Sa mère, qui elle aussi se fait bronzer en lisant un roman Arlequin, son père qui fait la sieste avec un chapeau de paille sur la figure, ne se sont aperçus de rien.

Sigur retrouve l’air libre en aval du pont Jacques Gabriel. Les courants ont éloigné son kayak de la zone dangereuse. Il nage jusqu’à son embarcation et la conduit vers la rive.

« Assez pagayé pour aujourd’hui ! »

Félixérie sent la paroi de l’étroit goulot lui racler les genoux. L’ascension lui semble interminable.

 

Enfin, elle fait surface, constatant, le cœur apaisé, qu’il fait jour. Elle prend une profonde respiration et nage jusqu’à sa plage. Son drap de bain, son casse-croûte et ses fraises Tagada sont toujours dans son sac, ses vêtements de ville toujours accrochés aux buissons.

Elle prend le temps de faire sécher son corps au soleil et de manger un morceau, puis décide de se rhabiller et de partir.

« À partir de maintenant, je ne tremperai même plus la moitié d’un orteil dans la Loire. J’irai à la piscine comme tout le monde. »

Son bousteur l’attend toujours au bord de la route. Elle vérifie le fonctionnement de l’éclairage.

« Ouf ! »

Elle démarre et rentre chez elle, rue des Pervenches.

Nokky est le premier à l’accueillir, manifestant sa joie en se tortillant comme un petit ver.

« Papa ! Maman ! Vous êtes là ? »

Félixérie se jette dans les bras de sa mère comme si elle revenait de prison.

« Tu ne t’es pas inquiétée, depuis tout ce temps ?

– Tu n’es pas même partie une heure. Tu n’as vraiment pas l’air dans ton assiette.

– Mais… je vais bien, je t’assure.

– Tu ne m’as pas l’air d’aller si bien que ça ! Il ne t’est rien arrivé au moins ?

– Non… »

Puis, se ressaisissant au bout de quelques secondes.

« Ah ! Au fait ! Si ! Sigur m’a demandée en mariage.

– Passe ton bac d’abord ! »