Un mur de marbre noir gravé de lettres d’or
De prénoms innocents, tous frappés par la mort.
Au pied du monument, peluches et poupées,
Offrandes éplorées et roses déposées.
                        Pauvre enfance brisée !

Ô mères déchirées, privées de leurs enfants !
Ô deuil ! ô désespoir ! Hélas ! Jusques à quand
Les Anges du Donbass périront sous les bombes ?
Agnelets sans défense avalés dans la tombe ?
                        Et combien de colombes ?

À Donetsk, à Lougansk ou bien Marioupol,
Sur Koursk et Belgorod, la mort étend son vol.
Voici l’allée des Anges, ô mémoire funeste,
Sacrifice à la guerre, mortelle comme peste,
                        Mortelle comme peste.

*****

Un doux soleil d’été sur le lac azuré,
Un matin de repos sur le sable doré,
On oublie les combats, la mort et la souffrance.
Un garçon s’ébattait aux jeux de son enfance.
                        Un beau jour de vacances.

Quand on n’a que cinq ans, on aime s’amuser,
Courir près de sa mère, la couvrir de baisers.
Voyez-vous dans le ciel ces étranges rapaces
Au cri sans harmonie, volatiles sans grâce ?
                        Sombre vol et menaces !

Comme un lourd ciel bleu nuit dessus les champs de blé,
Chacun reconnaîtra les drapeaux arborés.
Les drones s’abattaient comme une pluie d’orage,
Grêle de feu, grêle d’acier, vacarme et rage !
                        Terreur sur cette plage !

La mère épouvantée, l’enfant, sans hésiter,
Se couche sur son corps, par sa chair abrité.
Le secours de l’enfant sauve la jeune femme,
Mais le pauvre garçon, dévoré par la flamme,
                        Déchiré dans son âme...

La vie vient de la terre et la mort vient du ciel.
Il s’est sacrifié, holocauste cruel !
Gravez son nom chéri sur le mur de mémoire,
Ange aux ailes brûlées, victime expiatoire,
                        Repose dans la gloire.