Quatrième épisode

Antioche                                Actes 11.19/30

Depuis que de Stephan le vivant témoignage
Avait des juifs pieux exacerbé la rage,
Les disciples fuyaient leur patrie, apeurés,
Vers le septentrion s’étaient tous retirés,
Les uns jusques à Tyr ou vers la Samarie,
D’autres plus loin encore, jusques à la Syrie.
De Chypre ou de Cyrène, de zélés serviteurs
Aux Hellènes portaient l’oracle du Seigneur.
Dans les portes d’Antioche, cité prestigieuse,
Métropole du nord aux places glorieuses,
Le message divin avec force amené,
Par la sainte action dans les rues prononcé,
Reçut dans tous les cœurs un accueil favorable
Et la ville connut un réveil admirable.
L’église s’emplissait de nombreux convertis,
Ceux de Jérusalem en furent avertis,
Mandèrent Barnabé de se rendre au plus proche.
Il prit donc sans retard la route d’Antioche.
Il les encouragea, plein de verve et joyeux,
À rester attaché aux paroles de Dieu.

Barnabas prit la mer, voguant jusques à Tarse,
Il en ramena Saul, son précieux comparse.
Pendant toute une année ils prêchaient aux païens.
Les disciples, alors, furent nommés chrétiens.

Rude calamité de la fureur divine,
S’abattit sur l’empire l’effroyable famine,
Ainsi l’avait prédit le prophète Agabus.
La détresse frappa du temps de Claudius.

Pierre délivré                         Actes 12.1/19

Cependant, à Sion, l’immonde roi Hérode,
Pour plaire aux Judéens et s’en rendre commode,
Fit assassiner Jacques et dans un noir cachot
Pierre envoyer aux fers, innommable complot.
Entre deux vils soudards, les mains chargées de chaînes,
Le saint homme dormait, sans crainte ni sans peine.
Un ange dont l’éclat eut voilé le soleil
Surprit l’homme de Dieu au sein de son sommeil.
Il lui dit : « Lève-toi promptement et te chausse.
Prends ceinture et manteau, abandonne la fosse. »
Pierre croyait rêver, étrange vision !
Est-ce un ange de Dieu, une apparition ?
Ils passent au-devant des deux lignes de garde.
Soldatesque aveuglée, vers eux nul ne regarde.          
La lourde grille s’ouvre, et sans aucun secours.
Le voici dans les rues, les places et les cours.
Pierre comprit alors qu’un ange véritable
L’avait sauvé des mains du tyran détestable.
Chez la mère de Marc il dirigea ses pas.
On s’y réunissait pour prier, il frappa.
À la porte apparut Rhode, vieille servante,
De Pierre reconnaît la voix chaude et vibrante
Et, bondissant de joie, elle oublia d’ouvrir.
S’écria : « Pierre est là ! De la geôle a pu fuir.
Il attend dans la rue. – Mon amie, tu es folle
Et veux nous étonner par des contes frivoles !
– Je ne vous trompe pas, je dis la vérité.
– Tu n’as vu que son ange, car il est arrêté. »
Pierre, quand on ouvrit, fit signe de se taire.
« Allez tout raconter à Jacques[1] et nos frères. »
Les soldats prirent peur quand le jour fut venu :
« Malheur ! Au prisonnier qu’est-il donc advenu ? »
Et ces infortunés subirent la colère
D’Hérode. On les mena en peine fort sévère.

L’orgueil d’Hérode               Actes 12.20/25

Les rois de Phénicie gavés d’hostilité
S’étaient enfin rendus avecque leurs cités.
Blaste, le chambellan, diplomate efficace,
Des peuples belliqueux étouffa la menace.
Hérode, pour la paix, parapha le traité,
De royaux ornements s’était tout apprêté,
Debout sur une estrade aux colonnes dorées,
De tentures de soie richement décorée,
Sa puissante éloquence il offrit en discours,
Vociférations à réveiller un sourd !
Le peuple en l’écoutant s’agitait en folie.
Eut-on jamais ouï plus brillante homélie ?
Ce n’est pas un mortel qui parle, c’est un dieu !
Aussitôt s’effondra le despote orgueilleux.
Il avait défié la divine puissance
Et de son corps vivant les vers firent bombance.
La parole de Dieu partout se répandait ;
Le nombre des chrétiens chaque jour augmentait.

 

 

Quatrième transition            Actes 13.1/5

À l’église d’Antioche, le Saint-Esprit demande de mettre à part Saul et Silas, pour une mission particulière. Ils s’embarquent donc pour Chypre, assistés de Jean, alias Marc.

 

[1] Jacques, frère de Jésus, à ne pas confondre avec Jacques, frère de Jean, nommé plus haut.

 

La suite