2. Un centurion bouleversé

Les principaux sacrificateurs, avec les scribes et les anciens, se moquaient aussi de lui, et disaient : Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même ! S’il est roi d’Israël, qu’il descende de la croix, et nous croirons en lui. Il s’est confié en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime. Car il a dit : Je suis Fils de Dieu. Les brigands, crucifiés avec lui, l’insultaient de la même manière. Depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième, il y eut des ténèbres sur toute la terre. Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : Éli, Éli, lama sabachthani ? C’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Quelques-uns de ceux qui étaient là, l’ayant entendu, dirent : Il appelle Élie. Et aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge, qu’il remplit de vinaigre, et, l’ayant fixée à un roseau, il lui donna à boire. Mais les autres disaient : Laisse, voyons si Élie viendra le sauver. Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l’esprit. Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent. Étant sortis des sépulcres, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes. Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d’arriver, furent saisis d’une grande frayeur, et dirent : Assurément, cet homme était Fils de Dieu.

Matthieu 27.41/54

Lors de notre précédent rendez-vous à Golgotha, nous avons été témoins de la crucifixion de Jésus du point de vue d’un cercle de participants de plus en plus restreint et de plus proche du Messie agonisant.

J’aimerais vous donner un second rendez-vous, au même lieu, quelques minutes après que Jésus se soit écrié : « Tout est accompli. » (Jean 19:30) et vous placer dans la peau d’un autre personnage, spectateur malgré lui de cette exécution mémorable. Il s’agit d’un militaire de carrière, un centenier, ou si vous préférez, un centurion. Comme son nom l’indique, il commande une troupe de cent hommes.

Les moqueurs ne plaisantaient plus, les rieurs ne riaient plus. Cette foule si fière était maintenant effrayée. Elle se rendait compte qu’il faisait déjà nuit depuis trois heures de l’après-midi. Ce n’est tout de même pas normal !

Ils avaient moins encore envie de rire quand, au moment crucial, les éclairs déchirèrent le ciel, les rochers se fendirent et la terre se mit à trembler.

Les religieux qui officiaient dans le temple, n’étaient pas plus rassurés lorsqu’ils entendirent un grand craquement, et levant les yeux vers le voile sacré, le virent se déchirer depuis le haut jusqu’en bas comme une simple feuille de papier : déchiré par la main de Dieu.

Quant à notre centurion et à ses légionnaires, ils n’oublieront jamais de leur vie ce fameux jour où ils se sont écriés : « Assurément, cet homme était Fils de Dieu. »

Ce centenier en terre d’occupation romaine était donc chargé de faire respecter l’autorité impériale. Jérusalem est certainement le dernier endroit où il aurait aimé aller. On dit que bien souvent dans l’armée, il faut demander le contraire de ce qu’on veut pour obtenir satisfaction : 

« Je m’appelle Escatefigue et je voudrais être affecté dans le nord.

– Moi, je m’appelle Le Rouzic, et je voudrais faire mon régiment à Strasbourg ».

Pour lui ce fut le Pays de Judée.

« Quelle contrée ennuyeuse ! Si loin de Rome et de ses plaisirs ! »

Il ne se doutait vraiment pas que Dieu avait organisé sa mobilisation, son affectation et les détails de son emploi du temps, en vue de l’expérience merveilleuse qu’il allait vivre.

Le gouverneur Ponce Pilate, bien qu’il ne fût pas convaincu de la culpabilité de Jésus, l’a cependant laissé condamner.

« Faites une croix sur votre permission de fin de semaine, centurion, mes trois prisonniers vont être crucifiés, vous en avez la garde jusqu’à nouvel ordre. »

« Il ne manquait plus que ça ! Et moi qui voulais retrouver ma fiancée vendredi ! Engagez-vous ! Rengagez-vous ! Qu’ils disaient ! »

La vie militaire, en général, n’adoucit pas le caractère de l’homme. Dans l’armée romaine, en particulier, les légionnaires n’étaient pas enclins à la tendresse. Chacun avait été soumis à un programme d’endurcissement intensif. En Beauce, on dit : « Il sourit seulement quand il se brûle », mais chez les Romains, on pouvait prendre cette expression au premier niveau, tant ils étaient éduqués à résister à la douleur. La plupart de ces hommes de guerre étaient ainsi devenus des soudards sans culture et sans état d’âme. Secouez-leur la tête, et vous entendez les boulons qui s’entrechoquent à l’intérieur.

Le monde civilisé dans lequel nous vivons nous rappelle bien l’état d’esprit de ces soldats, le monde est devenu égoïste et insensible. Plus personne de nos jours ne s’émeut plus pour quoi que ce soit. Les producteurs de cinéma doivent faire preuve de plus en plus d’imagination pour faire peur à leur public. Au temps de nos grands-mères, il leur suffisait de mettre un drap de lit sur la tête d’un acteur et de lui faire faire le fantôme. Aujourd’hui, nous sommes surpris de découvrir qu’il y a tant d’hectolitres d’hémoglobine dans un seul être humain !

Le monde est insensible et indolent parce qu’il est dominé par le péché.

J’en vois déjà qui sourient. Les autres, d’accord, mais pas moi ! Je ne fais que du bien !

Dans une de ces fables, Jean de la Fontaine se représente chaque homme comme portant une besace, une sorte de sac à dos avec une poche devant et une poche derrière. Celle de devant pour les fautes d’autrui, celle de derrière pour les nôtres.

Personne n’échappe à cette règle ; ni lui, ni vous, ni moi :

Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.

Romains 3.23

Quant à notre centenier, nous allons maintenant le suivre là où il ira, accompagnant Jésus jusqu’à sa mort.

Jésus a d’abord été jugé. Un bien étrange procès en vérité. Un de ces procès dont le verdict était déjà établi à l’avance. Il fallait qu’il soit coupable. La pression des pontifes était si forte que l’autorité romaine elle-même ne pouvait que céder.

Pilate, qui avait le pouvoir de défendre et d’acquitter Jésus, s’est montré bien pusillanime. Lisons plutôt :

Pilate rentra dans le prétoire, appela Jésus, et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus répondit : Est-ce de toi-même que tu dis cela, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? Pilate répondit : Moi, suis-je Juif ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi : qu’as-tu fait ? Mon royaume n’est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas. Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. Pilate lui dit : Qu’est-ce que la vérité ? Après avoir dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit : Je ne trouve aucun crime en lui. Mais, comme c’est parmi vous une coutume que je vous relâche quelqu’un à la fête de Pâque, voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? Alors de nouveau tous s’écrièrent : Non pas lui, mais Barabbas. Or, Barabbas était un brigand.

Jean 18.33/40

Les principaux sacrificateurs et les anciens persuadèrent à la foule de demander Barabbas, et de faire périr Jésus. Le gouverneur, prenant la parole, leur dit : Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? Ils répondirent : Barabbas. Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus, qu’on appelle Christ ? Tous répondirent : Qu’il soit crucifié ! Le gouverneur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Et ils crièrent encore plus fort : Qu’il soit crucifié ! Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l’eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit : Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde.

Matthieu 27.20/24

Si lui-même, le grand patron, se lavait les mains de cette affaire, à combien plus forte raison la soldatesque n’en avait cure.

Toi aussi, comme eux, as-tu grossi le rang des indifférents ?

« Voilà vingt siècles que cela s’est produit. Vous n’allez tout de même pas me dire que c’est ma faute ! Je n’y suis pour rien ! »

Barabbas, le meurtrier, est donc aussitôt jugé innocent, tandis que Jésus, le juste est jugé coupable. Le voilà donc condamné à être crucifié.

En attendant son exécution, il est remis entre les mains de la cohorte romaine. Bien qu’ils soient totalement étrangers aux passions religieuses des sacrificateurs hébreux, ces soudards ont trouvé dans ce divin prisonnier une excellente occasion de s’amuser. Pendant toute la nuit, ils vont pouvoir se défouler. C’est qu’on ne rit pas toujours, dans la légion !

Alors Pilate leur relâcha Barabbas ; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié. Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte. Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d’un manteau écarlate. Ils tressèrent une couronne d’épines, qu’ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite ; puis, s’agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant : Salut, roi des Juifs ! Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête. Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier.

Matthieu 27.26/31

Voici maintenant Jésus, celui que la Bible appelle Roi des rois et Seigneur des seigneurs, contraint à se livrer à cette parodie grotesque ; revêtu de ce manteau et portant ce roseau dans la main, il subit les moqueries et les insultes de ces brutes. Croyez bien que Jésus aurait pu, par la puissance divine, faire cesser les rires en faisant tomber du ciel un feu qui les aurait tous grillés vifs. Mais ce ne sont pas les façons d’agir du Dieu d’amour. Jésus s’incline, il se laisse humilier par des païens.

Qu’aurais-tu fait, si tu avais été parmi eux ? Aurais-tu seulement eu un peu de pitié pour cet homme bafoué, ou bien es-tu encore aujourd’hui parmi les moqueurs ?

Jésus n’a pas seulement subi la dérision. Il a aussi subi des outrages physiques, comme si la perspective des souffrances de la croix ne lui suffisait pas ! Les Romains faisaient preuve d’une grande cruauté lorsqu’ils flagellaient leurs victimes. Au cuir du fouet étaient mêlés des morceaux de fer qui déchiraient la chair. Quant à cette couronne d’épines, pour celui qui aurait dû porter une couronne d’or, elle s’enfonçait profondément dans son front et dans ses tempes.

Fallait-il qu’ils haïssent le Seigneur pour le traiter ainsi ! Lui qui pourtant avait dit :

Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres.

Jean 13.34

Depuis la mort du Seigneur, des millions de chrétiens ont été martyrisés, torturés, battus à mort, emprisonnés, dévorés par des fauves, brûlés vifs, décapités. Ainsi André fut crucifié sur une croix en X (une croix de Saint-André). Pierre fut crucifié tête en bas. Laurent fut brûlé à petit feu sur un gril. Jérôme Savonarole fut pendu, et sa dépouille fut brûlée sur la place publique. Marie Durand, emprisonnée à 19 ans à la tour d’Aigues-Mortes, y demeura 38 ans captive. Au vingtième siècle, dans la Russie stalinienne, dans l’Allemagne hitlérienne, dans la Chine maoïste, dans les pays communistes et encore aujourd’hui, dans beaucoup de pays musulmans, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants payent de leur vie leur amour pour Jésus-Christ.

Nous vivons dans un monde qui hait Jésus. Il ne le tourne pas seulement en dérision ; il le hait.

Mais cela est arrivé afin que s’accomplît la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï sans cause.

Jean 15.25

Peut-être es-tu de ses ennemis jurés.

Si toutefois tu as choisi de ne pas t’en mêler, Jésus affirme lui-même à ton sujet que tu es de ses ennemis déclarés :

Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse.

Luc 11.23

Le centenier, à la tête de ses hommes, n’a rien perdu de cette pénible scène. Quel rôle y a-t-il joué ? Quelle a été sa réaction devant ce lamentable spectacle ? L’Évangile ne nous le dit pas. Une chose est certaine : il se trouvait au cœur de la tourmente.

L’heure est venue. Encadré de la garde romaine, Jésus quitte le palais du gouverneur et se met en marche vers la sinistre colline de Golgotha. Il traîne sur ses épaules une solide croix de chêne. Elle est lourde, cette croix, elle est déjà chargée du poids de mon péché, de ton péché aussi. Jésus va la traîner péniblement sur l’interminable sentier. Finalement, épuisé par la flagellation et tous les mauvais traitements qu’il a déjà subis, Jésus s’effondre. Le centurion choisit au hasard dans la foule un étranger, venu de Cyrène[1], un nommé Simon, et lui fait porter la croix jusqu’au lieu du supplice. Les trois condamnés sont maintenant cloués sur la croix. Le lourd marteau enfonce les clous dans leurs poignets et dans leurs pieds. Le centenier demeure insensible quand ils hurlent leur souffrance. Il a l’habitude d’entendre des cris sur les champs de bataille. Mais il remarque que même, dans l’intense douleur, le Fils de l’homme a quelque chose de différent. A-t-il réalisé que ses souffrances mêmes ont une autre signification que celles des deux brigands ?

Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de l’Éternel ? Il s’est élevé devant lui comme une faible plante, Comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée ; Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, Et son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, Semblable à celui dont on détourne le visage, Nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas. Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ; Et nous l’avons considéré comme puni, Frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités ; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, Chacun suivait sa propre voie ; Et l’Éternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous. Il a été maltraité et opprimé, Et il n’a point ouvert la bouche, Semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie, A une brebis muette devant ceux qui la tondent ; Il n’a point ouvert la bouche.

Esaïe 53.1/7

Les trois croix sont maintenant dressées en plein soleil. La chaleur est terrible, la soif est si intense que la langue des condamnés se colle à leur palais. Près de mille ans avant ces événements, dans un cantique prophétique, le roi David décrivait ainsi les tourments du maître :

Je suis comme de l’eau qui s’écoule, Et tous mes os se séparent ; Mon cœur est comme de la cire, Il se fond dans mes entrailles. Ma force se dessèche comme l’argile, Et ma langue s’attache à mon palais ; Tu me réduis à la poussière de la mort. Car des chiens m’environnent, Une bande de scélérats rôdent autour de moi, Ils ont percé mes mains et mes pieds. Je pourrais compter tous mes os. Eux, ils observent, ils me regardent ; Ils se partagent mes vêtements, Ils tirent au sort ma tunique.

Psaume 22.14/18

David n’avait pas parlé en vain, à l’heure même où se jouait devant eux, au prix de quelle effusion de sang, le salut de l’humanité entière, quelques soldats impassibles se disputaient au jeu de hasard le modeste vêtement du Sauveur. Quelle dérision !

Le centenier n’a rien perdu des insultes du peuple, de la bourgeoisie, des religieux et d’un des brigands même. Il n’a rien perdu de leurs moqueries :

Les passants l’injuriaient, et secouaient la tête, en disant : Hé ! Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, en descendant de la croix !

Marc 15.29/30

Il écoute avec un grand étonnement la merveilleuse promesse faite au malfaiteur qui demande grâce.

Jésus lui répondit : Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.

Luc 23.43

C’est incroyable ! Le Dieu des Judéens peut-il vraiment pardonner à un tel homme ? Le ferait-il pour moi aussi, si j’osais le lui demander ?

Mais voilà que l’atmosphère s’appesantit. Le lourd soleil perd son éclat, le ciel s’assombrit. Il fait nuit ! Celui qui a dit « Je suis la lumière du monde » agonise sur la croix et la lumière disparaît. Jésus se meurt, le « Prince des ténèbres » semble avoir gagné la guerre. Les ténèbres s’installent sur la terre.

Angoisse. Trois heures s’écoulent. On n’entend plus un bruit.

Un cri de Jésus va brusquement briser ce silence :

« Éli ! Éli ! Lama sabachthani ! »

Simple parenthèse : l’araméen était la langue maternelle de Jésus, c’était la langue du peuple. À cette époque, l’hébreu était uniquement parlé par les prêtres et les érudits, un peu comme le latin aujourd’hui.

Mais le peuple était tellement abasourdi qu’il n’entendait plus sa propre langue et croyait que Jésus appelait à son secours le prophète Élie.

En réalité Jésus, comme David autrefois, s’écriait :

Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ?

Psaume 22.1

Personne n’a compris le message salvateur contenu dans ce cri.

Personne ne s’est demandé comment Dieu, si Jésus était vraiment son fils, avait-il pu l’abandonner en ce moment où il avait tant besoin de son soutien.

Vous êtes-vous déjà posé la question ?

Voici la réponse :

Dieu ne peut pas tolérer le péché qui est une insulte à sa divinité. Pourtant, il aime l’homme, si pécheur qu’il soit. Pour libérer l’homme de la rébellion qui l’habite, il n’a trouvé qu’une seule solution : envoyer sur terre son fils unique et totalement étranger au péché pour subir lui-même notre condamnation. À ce moment-là, sur la croix, Jésus le fils de Dieu se charge de toutes nos fautes, afin que, si nous l’acceptons en tant que sauveur, Dieu puisse nous pardonner. Quand un homme vit dans la désobéissance, il n’a pas de relation avec Dieu. À cet instant où Jésus est condamné pour mon péché, Dieu se sépare de lui.

Jésus a maintenant versé sa dernière goutte de sang. Avant de rendre l’Esprit, il pousse un dernier cri :

Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l’esprit.

Jean 19.30

Au même instant, les lévites en service dans le Temple furent surpris par un grand bruit.

« Que se passe-t-il ? »

Ils accourent :

« Comment cela a-t-il pu se produire ? »

Le voile du Temple a été déchiré, non pas de bas en haut comme par une main humaine, mais de haut en bas : par la main de Dieu.

Cet épais rideau symbolisait la séparation qui existait entre l’homme impur et le Dieu saint. Par la mort de Christ, cette séparation a été ôtée.

Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ.

Romains 8.1

Dans la ville et dans les campagnes, on pense déjà à la fin du monde : la terre tremble, les rochers se fendent. Dieu démontre sa puissance.

Enfin, dans les sépulcres, les pierres funéraires glissent et roulent. Des hommes et des femmes se redressent et sortent vivants du tombeau. Et il fait toujours nuit. Il y a de quoi être effrayé. Pourtant, tous les morts ne se réveillent pas, mais seulement les « saints », c’est-à-dire, ceux qui, avant leur mort, ont accueilli Jésus dans leurs cœurs. Les voilà dans la ville, les voilà dans la rue. Ce ne sont pas des fantômes ni des « zombies », ils sont réellement ressuscités par la puissance de Dieu. Ce miracle nous rappelle qu’à nous aussi, si nous acceptons que Jésus vienne transformer notre vie, il a promis de vivre éternellement. La mort n’aura plus de pouvoir sur nous.

Tout le peuple est impressionné à la vue de ces miracles. Beaucoup ont peur, parce que leur cœur est chargé de haine contre Dieu, mais ce centenier est bouleversé. Lui qui était venu indifférent à son message, lui qui s’était moqué de sa royauté, lui qui s’était même réjoui de ses souffrances, le voilà qui pleure comme un enfant et s’écrie :

« Assurément, cet homme était Fils de Dieu. »

Tout comme ses soldats, il a compris la signification de cette croix où mourait le Seigneur. La croix du calvaire devenait pour Satan la croix de la défaite, pour Jésus la croix du triomphe, et pour les pécheurs que nous sommes, la croix du salut.

Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. À peine mourrait-on pour un juste ; quelqu’un peut-être mourrait-il pour un homme de bien. Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.

Romains 5.6/8

À toi aussi je voudrais poser cette question :

Crois-tu que cet homme est vraiment le fils de Dieu ? As-tu compris que c’est pour toi qu’il est mort ? L’as-tu accepté comme sauveur ?

J’aimerais, pour conclure, laisser sur ton cœur le texte de ce vieux cantique oublié :

 

Viens, mon âme et contemple

Un objet sans exemple :

Le Dieu Sauveur en croix.

On le frappe, on l’outrage,

On lui crache au visage :

Il expire enfin sur le bois.

 

C’est moi que la justice

Condamnait au supplice,

Moi qui devais mourir.

Les tourments les blessures,

Les coups, les meurtrissures,

C’est moi qui devais les souffrir.

 

Tu te mets à ma place

Et ta croix change en grâce

Ma condamnation.

Sur ta tête sacrée,

D’épines couronnée,

Tu portas ma confusion.

 

Je te suis redevable,

Mon Sauveur adorable,

De tout ce que je suis.

Mon âme et tout mon être,

À toi seul je veux être :

C’est le droit que tu t’es acquis.

  1. Gerhardt

 

 

[1] Actuelle Tripoli, Libye.